A la demande de l’UIPC, une enquête, financée par le CODIFAB, a été conduite auprès d’utilisateurs professionnels de panneaux contreplaqués, issus des secteurs industriels et du bâtiment qui a permis d’identifier dix exigences prioritaires classées selon les profils des utilisateurs : « Bâtiment » / « Industries » : 3 exigences partagées par l’ensemble, 4 exigences spécifiques au « bâtiment » et 3 exigences spécifiques aux « industries ».
DECRYPTAGE 2021 (Fin) :
Les trois exigences partagées par l’ensemble des utilisateurs :
• La stabilité du panneau
• L’aspect des faces
• La caractérisation du panneau et la déclaration des performances (DoP)
L’aspect des faces
Selon la norme, l’aspect d’un contreplaqué brut (non revêtu) est déterminé par la classe d’aspect de sa face (et de sa contre-face) : NF EN 635 permet, selon la nature du bois utilisé (feuillu, résineux) la classification des placages de faces selon le nombre et l’importance de certaines caractéristiques inhérentes au bois (nœuds, colorations, régularité de la structure du bois, fentes, etc.) et de défauts dus à la fabrication (joints montés, réparation (flipots, masticage), etc.). Cinq classes sont définies : E, I, II, III, IV ; mais le niveau d’exigence des classes E et I est tel qu’il est très difficile de les atteindre en raison de la nature même du bois. Coté affichage, un contreplaqué portant l’indication II/III sera composé d’une face classée II, et d’une contre-face classée III. Cette classification a été pensée avant tout comme une contribution à l’estimation de l’aptitude du contreplaqué à la finition (guide : XP CEN/TS 635-4).
Quelle signification pour l’utilisateur ?
Les industriels attendent des panneaux avec une qualité de face homogène et une répétabilité de cette qualité d’un panneau à l’autre, d’une commande à l’autre.
Les usages industriels font référence la plupart du temps à des productions en volume (ou en nombre) soumis à l’obligation de répétabilité des biens produits et dans lesquels la variabilité, notamment de la matière première n’a que très peu de place. L’homogénéité des faces et la régularité de leur aspect, d’un panneau à l’autre, permet notamment, pour ce type de production, un calepinage et une découpe facilitée du panneau dans une logique d’optimisation de matière première.
Lorsque l’aspect des faces est évoqué coté bâtiment, c’est essentiellement lors que les panneaux sont apparents dans l’ouvrage, mais les demandes sont moins abordées de manière technique, mais plus simplement, les constructeurs parlent de « beaux panneaux », de « panneaux propres »
En effet, la qualité esthétique de la face n’a pas d’impact sur les performances mécaniques du contreplaqué, pour une utilisation en structure par exemple. Dans ce cas, ce seront les performances de collage et qualité de réalisation du panneau (panneaux propres) qui seront recherchées. Mais dès que le panneau est apparent, laissé brut ou devant recueillir une finition, il est important de vérifier la qualité de la face apparente : car en fonction de l’attente finale, finition opaque ou au contraire si c’est la nature ou l’histoire du bois qui est recherchée, le choix de la classe d’aspect sera bien différent.
Qu’est-ce que cela induit pour le fabricant ?
Un défi au moins à relever pour les fabricants : classer les placages selon la norme en sortie de dérouleuse, sachant que malgré toutes les précautions prises lors de l’achat des grumes de bois, il est impossible de prédire totalement sa qualité ! Le classement permet déjà de réserver les plus beaux placages pour les faces les plus exigeantes et de répartir les placages qui pourront être utilisés pour les plis intérieurs ; Ce classement repose sur l’expérience de l’œil et la capacité d’analyse du cerveau humain ; en effet, même si les caméras et l’analyse numérique peuvent venir en aide à l’opérateur, les nouvelles technologies et les algorithmes ne remplacent toujours pas aujourd’hui l’agilité et la finesse de l’analyse humaine ;
Il est à noter qu’une famille spécifique de normes est dédiée aux panneaux décoratifs « plaqués bois » pour lesquels le cœur de métier est justement de recomposer des faces aux vertus éminemment esthétiques à partir de placages tranchés d’essences fines. Ces savoir-faire d’excellence, rares aujourd’hui mais préservés sur le sol national, font de la France une référence sur le marché international.
La caractérisation du panneau et la déclaration des performances (DoP)
La fabrication de contreplaqués est très fortement encadrée d’un point de vue normalisation, au niveau français, européen ou encore international.
Ces familles de normes reposent sur des méthodes de mesure et de caractérisation. Ceci permet aujourd’hui de quantifier les caractéristiques d’un contreplaqué sous un grand nombre de prismes, de la physique à la mécanique, de l’esthétique à la durabilité.
Le Règlement européen « Produit de Construction » (RPC) prévoit que pour pouvoir mettre sur le marché de l’Union européenne un produit de construction, le fabricant doit établir une déclaration de performances et apposer le marquage CE sur le produit en question. Les obligations concernant les panneaux contreplaqués sont définies dans la norme harmonisée EN 13986 « Panneaux à base de Bois destinés à la Construction ». Cette norme harmonisée a été construite de sorte à regrouper l’intégralité des critères de performance requis par les règlementations de construction nationales, de tous les pays de l’Union Européenne. Ainsi, la DoP (ou déclaration de performance) est un document qui regroupe l’ensemble des données de caractérisation d’un contreplaqué. Selon l’usage (par ex structurel ou non structurel), la liste des critères qui doivent être obligatoirement déclarés peut varier.
La DoP et l’affichage des caractéristiques qu’elle permet est relativement bien connue maintenant des acteurs rencontrés. Son utilisation dépasse même le secteur du bâtiment puisqu’elle permet de répondre en partie à des attentes d’industriels qui l’utilisent largement.
Quelle signification pour l’utilisateur ?
Si certains fabricants de contreplaqué ont maintenu les documents techniques dédiés aux contreplaqués qu’ils produisent, c’est qu’ils viennent en complément, sur certaines caractéristiques à la DoP, adaptée avant tout à l’univers du bâtiment.
Certains des industriels rencontrés ont émis le souhait cependant d’accéder à une caractérisation plus fine des panneaux et ainsi une capacité à identifier les panneaux présentant les meilleures caractéristiques afin de pouvoir réserver les panneaux à des usages à contraintes plus fortes
En effet, dans la majorité des cas, les exigences du RPC s’expriment à travers des seuils de performance minimum, répondant, à minima aux exigences de performances pour la solidité et la durabilité de l’ouvrage conçu et construit.
Qu’est-ce que cela induit pour le fabricant ?
La surveillance de la constance du process de fabrication (et donc des performances des panneaux produits) représente un enjeu clé. Elle s’établit sur une caractérisation fine des panneaux par des essais destructifs. Le test de chacun des panneaux produits n’est donc pas possible aujourd’hui. La surveillance de la constance des performances fait l’objet d’une certification des sites industriels ; c’est-à-dire qu’une fois un process mis au point, des panneaux sont régulièrement prélevés et analysés afin de vérifier que les panneaux produits correspondent bien aux exigences attendues. En plus de ces contrôles de production « en continu » les sites industriels sont aussi soumis à des audits par tiers et les panneaux feront l’objet d’essais comparatifs selon d’autres méthodes d’analyses. La fréquence des contrôles en continu et des audits est aussi décrite dans la norme harmonisée (ex niveau CE 2+). Cela permet également d’alimenter la chaine de traçabilité.
Mais n’oublions pas que le bois, par nature, est un matériau extrêmement variable. Les panneaux, en fonction de la qualité du bois d’origine, pourront être dotés de performances, notamment mécaniques, bien plus fortes que le minimum requis. Les fabricants français travaillent à l’heure actuelle à la mise au point de méthodes de caractérisation non destructives ce qui leur permettra de répondre à des attentes plus fines des utilisateurs ainsi que mieux rationaliser encore, l’utilisation de leur matière première.