À l’heure où les matinées régionales 2022 se préparent, revenons en synthèse sur un moment fort de la 1ère Matinée régionale du contreplaqué. En raison des circonstances, elle s’est tenue en Juin 2021 sous forme d’un webinaire regroupant plus de 100 professionnels en grande majorité du secteur du bâtiment et de l’aménagement intérieur.
Focus sur le territoire de la Nouvelle Aquitaine et plus particulièrement sur celui des Landes : son prestigieux massif de Pin maritime, la place des industries du déroulage et de la fabrication du contreplaqué éponyme, clé de voute entre acteurs économiques locaux pour la prospérité d’une chaine de valeur « de la ressource à l’usage » en circuit-court, voire très court.
Quatre intervenants ont pris la parole pour évoquer ces différents maillons de la chaine territoriale « pin maritime » : ressource forestière et acteurs de la forêt, industries du contreplaqué, construction et mise en œuvre, conception et design. La matinée a été conclue par les organisateurs, Fibois Landes de Gascogne et Fibois Nouvelle Aquitaine qui ont dressé un panorama de la richesse et de l’excellence de la filière forêt-bois dans leurs territoires.
Sabine Boury, Déléguée générale de l’Union des Industries du Contreplaqué (UIPC) a introduit ce webinaire en présentant l’industrie du contreplaqué française et en rappelant ses chiffres clés :
À retenir
17 sites industriels, 260 000 m3 produits/an, 80% de la ressource valorisée = ressource métropolitaine au plus près des sites industriels, 250 à 300 M€ de CA, 3000 emplois directs et indirects, 4 essences majoritairement transformées : Pin maritime, Peuplier, Hêtre, Okoumé.
Elle a également illustré le contexte international de la production et des échanges (cartographie des grands pays producteurs dans le monde, flux exports/imports) et enfin, profilé les 50 usages du matériau.
Extrait présentation (Sabine Boury)
Patrice Schocke, Directeur Commercial Bois d’Alliance Forêt Bois, a illustré les 3 cœurs de métiers de la Coopérative : Conseil forestier, Sylviculture, Exploitation & Commercialisation des bois, en présentant les chiffres clés du groupe AFB, coopérative présente sur tout le territoire ouest de la métropole.
À retenir
15 agences territoriales, 43 200 adhérents, 1 million d’ha gérés, 680 salariés, 12 à 17 000 ha reboisés chaque année, 3 millions de m3 de bois livrés annuellement dont 100 000 m3 dédiés à la fabrication de contreplaqué pin maritime, un CA annuel de 200 M€ ; 85% des bois vendus en 2020 étaient porteurs d’une certification forestière (PEFC ou FSC).
Alliance Foret Bois est aujourd’hui un leader mondial de la pépinière forestière, spécialisée dans le Pin maritime, mais également le Peuplier.
Les fondements de la coopérative : assurer la gestion durable des forêts en étant un acteur majeur du reboisement : 1 arbre planté toutes les 2 secondes par AFB. Patrice Schocke a rappelé les grands bénéfices d’une gestion durable des forêts dans la continuité d’une tradition française sensibilisée à la gestion durable des forêts depuis la création du Code forestier en 1827.
Extrait présentation (Patrice Shocke)
Evoquant le Pin maritime plus spécifiquement, il explique la « rusticité » de l’essence et sa capacité à concourir à l’adaptation de la forêt française aux changements climatiques, son aire géographique naturelle s’étendant du Maroc jusqu’à la bretagne. Le massif représente 10% de la forêt française (1 millions d’ha) mais génère 20% du bois valorisé en tant que matériau.
Il aborde la dimension R&D des objectifs d’AFB qui ont permis de générer des gains tant en termes de productivité qu’en termes de qualité de bois (rectitude) ce qui constitue un saut de performance tant environnementale, économique que sociétale bénéficiant à tous les maillons de la chaine de valeur. Ainsi, en 1960 la productivité de parcelles était de 5 m3/ha/an, elle est de 12 m3/ha/an en 2015, et devrait être atteindre les 15 m3/ha/an d’ici 2025/2030.
AFB a également travaillé à améliorer la compétitivité du massif en optimisant notamment les méthodologies de reboisement, réduisant ainsi les temps de « chantier » nécessaires. Ceci contribue largement à l’attrait et à la valeur (écosystémique, économique et sociétale) du massif, garantissant sa protection et sa pérennité.
Enfin, Patrice Schocke a donné quelques clés de compréhension du mode de valorisation du pin maritime : toutes les parties de l’arbre trouvent usage donc valeur : le bois d’œuvre pour la fabrication de matériaux nobles (sciages, bois de déroulage et fabrication de contreplaqués), haut de grume (bois d’emballage tels que les palettes ou les cagettes), les branches sont valorisées en bois énergie, les écorces pour l’ornement ou encore la distillation et enfin la résine qui retrouve ses lettres de noblesse dans les nouveaux process de chimie verte.
L’intérêt du déroulage et de la fabrication de contreplaqué est qu’il nous permet de valoriser le bois auprès des propriétaires car la fabrication de contreplaqué offre un débouché à haute valeur ajoutée pour la partie la plus noble de l’arbre.
Vincent Amade, Associé gérant de l’Entreprise Pallas Construction, située dans les Landes, utilisateur final du contreplaqué pin maritime.
Représentant de la 5ème génération de menuisier au sein de cette entreprise, spécialisée dans la construction de pavillons en bois et fidèle au Pin maritime et au contreplaqué depuis plus de 40 ans. Vincent Amade a évoqué les objectifs de cohérence environnementale qu’il s’est fixé : une politique privilégiant au maximum le circuit-court qui vise le 100% d’approvisionnement dans un rayon inférieur à 80 km et la construction à faible bilan carbone. C’est bien l’expérience et la confiance qu’il a en le matériau qui l’a poussé à construire avec du contreplaqué pin maritime, mais la forte proximité de deux sites de production contribue tous les jours à confirmer son choix et à l’aider à répondre en totalité à ses objectifs, à le différencier sur ses marchés.
Malgré le mauvais procès que l’on fait parfois au pin maritime, il est à noter que le clocher de notre village, fabriqué par notre arrière-arrière-grand-père, en 1875, est toujours débout, intact et est en pin maritime : le pin maritime est un bois costaud, qui dure et est utilisé depuis très longtemps.
Côté technique, Mr Amade a pris le temps d’expliquer et d’illustrer le grand nombre d’atouts offerts par le Pin maritime et par le contreplaqué qui confirment que construire en ossature bois avec du contreplaqué est non seulement possible et intéressant techniquement mais permet une performance, notamment économique tout à fait valorisante. Il évoque notamment la polyvalence du contreplaqué NF Contreplaqué CTB-X et les solutions qu’il apporte, tant en usage extérieur, qu’en usage structurel :
- durabilité et résistance à l’humidification ;
- étanchéité à l’air, perméabilité à la vapeur associé à un rapport épaisseur/ résistance mécanique qui permet de réduire la consommation matière par l’utilisation d’une épaisseur de panneau plus faible, en font un matériau idéal dans la réalisation de paroi ossature bois ;
- stabilité du matériau qui apporte des solutions autant en fabrication de menuiseries extérieures qu’en aménagement intérieur (plancher performant techniquement qui offre en même temps une esthétique sans avoir à intervenir en finition);
- utilisation en bardage ou en tableaux de menuiseries extérieures ; ou encore en solution « ITE »
Le contreplaqué pin maritime est un matériau très performant et polyvalent, on y trouve de très nombreux avantages, tant en structure que pour la réalisation d’aménagements autant pour l’extérieur que pour l’intérieur, et qui nous permet de participer activement à la vie de notre territoire.
Flavien Menu, Architecte « Wild City » qui nous présente le Proto Habitat, projet mis au point dans le cadre d’une résidence à la Villa Médicis en 2020.
Flavien Menu a précisé en introduction le premier intérêt du contreplaqué qui permet, en raison de sa résistance et de sa légèreté, la réalisation de maquettes à échelles réduites (1/10e), très aidantes dans les différentes étapes de conception.
Le contreplaqué nous a permis de répondre à 100% à nos objectifs de départ : concevoir un habitat Ecologique, Nomade et modulable.
Le projet : habitat écologique (100% en bois), nomade et modulable.
Ecologique : 100% en bois, provenant de circuits courts (< 400 km). Pour les concepteurs, l’assurance de traçabilité était primordiale : provenance de Nouvelle Aquitaine et provenance de forêt gérées durablement.
Nomade : montable, démontable facilement : démonstrateur monté déjà 3 fois, 2 démontages/remontages à venir. Totalement démontable dans une logique « flat pack » : une fois démonté, les éléments se rangent à plat dans une logique de transportabilité facilitée. (habitat de 90 m² transportable sur un seul camion de 35t). Le contreplaqué nous a beaucoup aidé dans la conception de cette démontabilité.
Modulable : fonctionne par « unités de vie » : on peut juxtaposer ou superposer différentes unités pour obtenir un habitat plus grand ou pour un usage collectif.
Côté structure : Structure en poteau poutre en lamellé collé de Douglas avec des murs à ossature bois qui viennent s’insérer dans cette structure. Les murs à ossature bois ont été revêtus en CP Pin maritime traité thermiquement pour l’extérieur et lasurés (le traitement thermique permettant d’augmenter l’imperméabilité du CP) cela nous a permis également de travailler le calepinage des façades. A l’intérieur, revêtement des murs en CP peuplier (15 mm) qui permettent aussi d’assurer le contreventement de l’unité ; les planchers sont réalisés en CP Pin Maritime. Un autre de nos objectifs était de montrer et de sentir le matériau : sentir = pouvoir le toucher, et pouvoir aussi profiter de l’odeur agréable qu’il dégage : nous avons pu vérifier l’effet « bien-être » du matériau sur plus de 500 visiteurs étant venus découvrir le Proto Habitat.
Le contreplaqué Peuplier a été également utilisé pour la réalisation de tous les aménagements intérieurs (ameublement, agencement, portes de placards, etc…).
Les jeunes architectes ne s’arrêtent pas là et se lancent dans un nouveau projet de conception et construction innovante permettant de repousser les limites d’utilisation du bois, et notamment du contreplaqué.
Extrait présentation (Flavien Menu)
Fibois Nouvelle Aquitaine (Nathalie Gérôme) & Fibois Landes de Gascogne (Stéphane Latour) ont conclu le webinaire en présentant la filière forêt bois dans le territoire.
À retenir
1ère région métropolitaine en superficie forestière soit 34% de la surface nationale ; 62% de feuillus et 38% de résineux. Récolte annuelle : 10 Millions de m3 qui alimentent à 50% filière matériau (bois d’œuvre, bois de déroulage), à 40% la filière industrie (papier-cartons, panneaux process) et à 10% la filière énergie ; 28 000 entreprises sur le territoire qui génèrent 59 000 emplois directs. Un CA de 9.700 Milliards € ce qui place la région en 3ème position.
L’industrie du contreplaqué en Nouvelle Aquitaine : 10 sites en NA réparties sur le territoire de Nouvelle Aquitaine qui génèrent environ 2000 emplois sur le territoire ; 90% de la production nationale de contreplaqué : 242 000m3 produits en 2019, dont 105 000 m3 de contreplaqués « bois exotiques », et 137 000 m3 de contreplaqués « bois résineux et feuillus » (pin maritime et peuplier).
La matinée 2021 a mis le focus sur le sud de Nouvelle Aquitaine et donc sur le Pin maritime, mais Nathalie Gérôme a rappelé que le territoire dispose également d’un massif très important de peuplier qui sera l’objet d’une nouvelle matinée régionale. Par ailleurs, le territoire nord, correspondant à l’ancienne région Poitou Charentes est très marqué historiquement par l’activité du Port de la Rochelle (1er port français pour l’importation des bois). Ainsi ce territoire est le berceau de la fabrication du contreplaqué Okoumé, fleuron de l’industrie française. Le contreplaqué Okoumé est réputé pour sa résistance en milieux hostiles et une prochaine matinée régionale permettra de découvrir ses atouts et notamment son usage en construction nautique.